La qualité de l’air représente aujourd’hui un enjeu sanitaire et économique majeur en France. En termes sanitaires, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé en 2013 la pollution de l'air extérieur comme cancérogène pour l’homme. En 2016, l’agence française de Santé publique a estimé que la pollution aux particules fines était responsable en France d’environ 42 000 décès prématurés par an (avec une perte moyenne d’espérance de vie de 8,2 mois). En termes économiques, un rapport du Sénat publié en juillet 2015 estime que le coût total de l’impact sanitaire (mortalité et morbidité) de la pollution atmosphérique (tenant compte seulement des particules et de l’ozone) pour la France serait de 68 à 97 milliards d’euros par an. Par ailleurs d’autres coûts non sanitaires doivent également être pris en compte dans l’impact de la pollution atmosphérique (baisse des rendements agricoles, perte de biodiversité, dégradations des bâtiments en ville, dépenses de prévention et de recherche d’organismes spécialisés, etc.).
La situation actuelle concernant la qualité de l’air est globalement meilleure que par le passé. Les niveaux de concentrations ambiants de certains polluants atmosphériques (SO2, CO, plomb) ont diminué de façon significative dans les villes françaises ces dernières années. Malgré tout, les seuils de qualité de l’air fixés par les normes européennes sont encore dépassés (pour le NO2 et les PM10) dans de nombreuses de zones françaises, principalement dans les grandes agglomérations, et placent la France en situation de contentieux avec l’Union Européenne.
Le trafic routier est une des principales sources d’émissions de polluants atmosphériques en zone urbaine (notamment de NOX et de particules), en particulier dans l’agglomération lilloise. Par ailleurs, malgré l’apparition dans les années 90 de normes européennes abaissant au fur et à mesure les seuils d’émissions des véhicules neufs, les concentrations en NO2 n’ont globalement pas diminué au plus proche des axes de circulation urbains. Le trafic routier constitue ainsi un déterminant majeur des inégalités d’exposition à la pollution atmosphérique.
Cet état des lieux incite aujourd’hui les collectivités locales à mettre en place des actions en faveur de la qualité de l’air, notamment dans le domaine des transports et de la mobilité, et à contribuer à l’amélioration des connaissances concernant la pollution atmosphérique. Mais ces actions doivent pouvoir être évaluées, en particulier leur efficacité en matière de pollution de l'air, ce qui nécessite une connaissance approfondie des caractéristiques du parc automobile local (dans la mesure où ces actions ont une forte dimension spatiale) et des caractéristiques d’émissions des véhicules en milieu urbain avec des conditions et des comportements de conduite « réels ».
Fort de ce constat, la ville de Lille a mis en place en juillet 2016, au travers d’un projet financé en partie par le programme AACT’AIR de l’ADEME, une campagne de mesure pilote des émissions réelles du parc roulant sur son territoire.
Environ 24 300 véhicules ont été mesurés durant 25 jours dans les rues lilloises au moyen du "radar pollution". Cette campagne de mesure a permis d’une part de réaliser une caractérisation du parc roulant et de ses émissions réelles en fonction de certaines caractéristiques des véhicules (type de motorisation, de carburants, cylindrée, norme Euro...) et d’autre part une identification des véhicules les plus émetteurs.
L'étude réalisée, une première en France, s'est inscrite en préambule de la réalisation d’un plan d’actions municipal pour lutter contre la pollution atmosphérique.
La ville de Lille a publié le rapport final de Rincent Air sur son site internet. Les résultats complets de l'étude sont disponibles à l'adresse suivante : https://www.lille.fr/content/download/161675/2394294/file/Rapport+d%27%C3%A9tude+MEET+PAMPA+Mars+2018.pdf