On comptait seulement quelques unités de méthanisation au début des années 2010. Soutenue politiquement et financièrement par l'Etat français depuis plusieurs années, cette filière de traitement des déchets organiques est en plein développement : au 1er janvier 2021 il était déjà dénombré plus de 1000 méthaniseurs et leur nombre ne cesse de croitre. Si la méthanisation présente de nombreux avantages d'un point de vue énergétique, ces installations peuvent également être à l'origine de certaines nuisances, notamment olfactives auprès des riverains.
Que ce soit en amont, dans le cadre d'un projet de création d’une unité de méthanisation, ou bien lorsque l'installation est déjà existante, Rincent Air réalise différentes prestations permettant de caractériser l'impact olfactif d'un méthaniseur :
Campagnes de mesure des intensités d’odeurs dans l’environnement du site et plus spécifiquement au niveau des habitations et sites sensibles les plus proches, afin d’établir un "état initial" olfactif. Les prestations sont réalisées par un jury de nez expérimenté chez Rincent Air selon la norme NF X 43-103.
Modélisation des concentrations d'odeurs issues des différentes sources du site (estimation des débits d'odeurs) dans l'environnement, notamment au niveau des zones d'occupation humaines dans un rayon de 3 km. Les prestations sont réalisées au moyen d'un modèle numérique de type gaussien qui répond aux prescriptions de l'INERIS pour la modélisation de la dispersion de la pollution atmosphérique des rejets des installations industrielles.
Cette étude d'impact olfactif peut être réalisée dans différents cadres : réglementation ICPE (arrêté du 10 novembre 2009 modifié par l'arrêté du 14 juin 2021, arrêté du 12 aout 2010 modifié par l'arrêté du 17 juin 2021), surveillance périodique (arrêté préfectoral), démarche volontaire de l'industriel, plaintes des riverains...
Concrètement, qu'est ce que la méthanisation ?
La méthanisation permet la dégradation par des micro-organismes de la matière organique (fumier, lisier, déchets verts, restes alimentaires...) en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène (milieu anaérobie à 38°C).
Cette dégradation permet la production de deux éléments principaux :
Le digestat : il s'agit d'un produit humide, riche en matière organique, qui retourne généralement dans les sols pour nourrir les cultures ou encore comme fertilisant.
Le biogaz, qui est un mélange gazeux composé en grande majorité de méthane (CH4), d'une partie de dioxyde de carbone (CO2) mais également de quelques gaz traces, notamment certains avec un fort pouvoir odorant (NH3, H2S).
Ce biogaz est ensuite valorisé, généralement via la cogénération, en production d’électricité et/ou de chaleur. On peut alors parler d'énergie dite "renouvelable".
Après une phase d'épuration du biogaz, ce dernier peut également être valorisé par injection directe dans le réseau de gaz naturel et/ou en carburant.
Lors du process, la décomposition des déchets est réalisée en absence d’oxygène, dans un système étanche sans contact avec l’air ambiant : la méthanisation en tant que telle est donc sans odeur.
Cependant, des nuisances olfactives sont de plus en plus constatées par les habitants au fur et à mesure que des unités de méthanisation voient le jour en France.
En effet, au-delà du process "sans odeur" réalisé dans le digesteur, des composés odorants peuvent être émis lors de nombreuses phases dans le fonctionnement global du site :
Lors du transport des intrants potentiellement odorants (fumier, lisier, boues de STEP, déchets verts...) des exploitations agricoles/STEP/ISDND vers l'unité de méthanisation.
Lors du déchargement et du chargement des déchets organiques, avant méthanisation.
Lors du transport du digestat du méthaniseur vers les exploitations agricoles.
Lors du stockage sur site des intrants et du digestat produit.
Les sources d'odeurs peuvent donc être multiples, présentes à la fois au niveau du site et le long des principales voies d'accès au méthaniseur. En fonction des conditions météorologiques et de la topographie locale, des nuisances olfactives peuvent généralement être ressenties au niveau des habitations les plus proches, dans un rayon variant de quelques dizaines de mètres à de 2 km autour de l'unité de méthanisation.
Il est donc important de caractériser les émissions odorantes sur toute la chaîne du procédé de méthanisation afin d'obtenir un panorama exhaustif de l'impact odorant de l'industrie sur son environnement proche et de permettre à l'industriel de mieux le contrôler voire le réduire. L'essor des méthaniseurs va amener leur construction a être toujours plus proches des habitations (cf. cartographie ci-dessous). Il s'agit donc d'un enjeu significatif à la fois d'un point de vue réglementaire mais également dans l'acceptation de ces industries nouvelles par les riverains.
Zoom sur la réalisation d'un diagnostic olfactif par jury de nez selon la norme NF X43-103
Les mesures sont réalisées directement dans l’environnement du site industriel par un jury de nez qualifié et entraîné. Elles sont basées sur différents critères de notation :
Le type d'odeur ressentie, basé sur une liste complète de substantifs, tout en faisant appel à la mémoire olfactive de chaque membre du jury.
Son caractère hédonique, qui concerne la perception agréable ou désagréable de l'odeur.
L'intensité de l'odeur : plus complexe, ce critère de notation est basé sur une technique d'équivalence olfactive : le jury de nez effectue une comparaison de l'intensité des odeurs locales à une échelle de référence odorante (6 niveaux de dilution d'un composé standard comme le n-butanol ou la pyridine).
Par ailleurs, certaines conditions météorologiques doivent être respectées pour réaliser les mesures dans une plage de "conditions optimales", comme l'absence de vents forts ou de températures trop froides.
Au-delà des méthaniseurs, ces mesures peuvent être réalisées dans le cadre d'un état initial des intensités d’odeurs dans l’environnement avant implantation d’une installation émissive (centre de stockage des déchets, plateforme de compostage, station d’épuration…) ou dans le cadre d'une évaluation de l’impact d’une installation en exploitation (surveillance dans le cadre d’un arrêté préfectoral, demande d’autorisation d’extension de site…).